À l’abordage !

Cette sixième édition de Back to the Trees doit autant à la constance qu’à la nouveauté. Constance tout d’abord en ce qu’elle représente le sixième avatar de cette curieuse entreprise conçue par Lionel Viard dans le cadre du Festival de Musique de Besançon il y a maintenant six ans et poursuivie en Forêt de Chaux ces deux dernières années. Mais nouveauté aussi car, même si la manifestation repose toujours et encore sur la complicité active d’Elektrophonie et de l’ISBA, elle a choisi en quelque sorte cette année l’eau au lieu du feu.
En effet, c’est la rencontre avec la Communauté de communes du Val d’Amour et en particulier du village de Chamblay et de ses fameux Radeliers, qui maintiennent vivace la tradition de la navigation des bois sur la Loue, qui nous a incités, cette fois, à poser micros et cimaises dans cet espace magnifique et légendaire du méandre abandonné, dit « la Morte des Fontaines ». C’est donc dans ce lieu pluriel que nous vous invitons ce samedi 1er juillet 2017 à partir de 18 heures à déambuler d’installations sonores en expériences visuelles en tout genre dans un paysage forestier et champêtre, tantôt marais, tantôt champs ouverts, avec toujours l’omniprésence de cette eau tumultueuse qui apporte une constance aussi cristalline que musicale à notre Back to the Trees.
Les artistes, cette année encore, ont répondu présents à notre invitation à en revenir aux arbres, non comme l’expression de quelque nostalgie réactionnaire mais bien plutôt comme l’aspiration à un indispensable ressourcement.
Nos existences citadines ou urbaines nous ont souvent coupés de ces moments indispensables de contemplation et d’écoute, de ces parenthèses, ces « épochès » dont les Anciens disaient qu’elles permettaient à la pensée de s’affranchir des obligations du quotidien pour mieux en saisir la vérité. Promenons-nous dans les bois pour congédier les loups qui nous oppriment en quelque sorte.
Mais cette aventure, pour être fructueuse, ne peut pas être une escapade de petits marquis ou de bergères façon « Hameau de la Reine », elle doit oser la prise de risque. Celle du climat d’abord et des caprices de la météorologie, celle des impondérables techniques liés à l’« inconfort » de la situation, celle de la confrontation d’œuvres sans concession avec un public de promeneurs pas souvent familiers des audaces de la création contemporaine.
Toutefois, ce sont précisément ces prétendues limites de notre exercice qui en fondent la légitimité, voire l’impérieuse nécessité. Échapper au studio, à la galerie, oser se frotter aux bruits naturels, aux frondaisons, au soleil sauvage, aller au-devant de badauds attirés plus par l’occasion d’une randonnée que par les œuvres elles-mêmes et faire comprendre, ou plutôt faire éprouver, ce que peut avoir de magique cette fusion des arts et de la nature arborée, telles sont précisément les ambitions qui nous animent, dans un partage d’expériences concrètes plus que par les opérations de médiation qui ensevelissent hélas souvent les œuvres sous des commentaires extérieurs, fussent-ils bien informés.
Cette année encore, nous aspirons à attirer le promeneur non pour l’instruire mais pour vivre avec lui des émotions impréparées, celles dont seuls les arbres et leur nuit, la rivière et ses berges, les radeaux et leur mystérieuse navigation ont le secret.
Personne (et surtout pas les commissaires organisateurs !) ne sait ce qui adviendra exactement de ce « déplacement » qui doit autant à la géographie qu’à l’histoire ou la métaphysique, et dont les organisateurs assument sans réserve ce que Michel Foucault appelait « l’hétérotopie » : une mise à distance spatiale et temporelle qui nous fait vivre ensemble une expérience singulière festive et, pour tout dire, en recherche d’inassignable, comme un maquis, une « jungle » ou une cabane d’enfant.
C’est d’ailleurs à l’auteur des Mots et les Choses que l’on emprunterait volontiers sa conclusion faisant de nos complices Radeliers les corsaires de cet autre lieu et temps qu’est Back to the Trees : « Dans les civilisations sans bateaux, les rêves se tarissent, l’espionnage y remplace l’aventure, et la police, les corsaires. »

 

Les œuvres

À Chamblay dans les Bois #1Évocations sonores de Clémence Culic (France)
Archives photographiques du Maquis
Barque #1
Sculpture de Thomas Perrin (France)
BâtonsInstallation plastique de Pierre Balandier (France)
• CabanesInstallation de Robin Davourie (France)
Cohésion
Sculpture de Gérald Colomb (France)
ConfessionSculpture de Sébastien Chaperon (France)
CrackPeinture de Robin Davourie (France)
Et la lumière fut !Installation plastique de ChapChap Ink (France)
Futaie Futée #3Installation littérature de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon (France)
Go Love a TreeVidéo de Jay Fox (France)
GrenouillesInstallation sonore de Ben Farey (France) et Benoît Favereaux (France)
Jusqu’ici tout va bien !Marqueterie de Benjamin Desoche (France)
Le TubeInstallation sonore d’Olivier Toulemonde (France)
MandragorePerformance de Claude Boudeau (France)
MicrocosmeInstallation plastique de Jeanne Dupuy (France)
Ode à la merPerformance en collaboration entre Christine Douxami (France), Guy Freixe (France) et des étudiants de Licence et Master d’arts du spectacle de l’Université de Franche-Comté (France)
OriginInstallation plastique et sonore de Thierry Boucton (France), Nicolas Waltefaugle (France) et Guillaume Mougenot (France)
OVNISculpture de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon (France)
Pamela Dionaea MuscipulaPerformance de Chloé Guillermin (France) et Alexandra Jouffroy (France)
Projet PhoenixInstallation plastique d’Antonin Lagarde (France)
ReliqueInstallation plastique de Gérald Colomb (France)
Sans titreInstallation vidéo de Nushy Soup (France)
Sans titrePerformance de Quentin Lacroix (France)
Sus ScrofaSculpture de Mischa Sanders (Cuba)
The Weight of ShameSculpture, performance et vidéo de Fabien Guillermont (France)
Totems #1Sculptures de Julien Zoh Nihouah (France)
Track to the BeesInstallation sonore de Corsin Vogel (Suisse)
Tu imaginesVidéo de Jenny Feal (Cuba)
VivariHommePerformance de la compagnie sisMa (France)
Y a quelque chose qui cloche !Installation sonore de Gilles Malatray (France)

 

Organisation

Elektrophonie et Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
en partenariat avec les Radeliers de la Loue et la commune de Chamblay

 

Galerie photos

 

All aboard!

This sixth edition of Back to the Trees owes as much to constancy as to novelty.
Constancy – first of all – in everything represented by the sixth embodiment of this curious enterprise conceived by Lionel Viard as part of the Besançon Music Festival six years ago, and continued in the Chaux Forest in recent years. But also novelty: although the event is still based on the active involvement of Elektrophonie and the ISBA (Besançon Fine Arts Institute), this year it has chosen water instead of fire.
After all, it is the encounter with the community of various Val d’Amour towns, and especially the village of Chamblay and its famous Rafters, who perpetuate the tradition of navigating the woods on the Loue River, which prompted us to put microphones and picture rails in this magnificent and legendary space of an abandoned meander known as “Fountains Death”. It is in this pluralistic place that we invite you to wander through acoustic installations and visual experiences of every genre on Saturday 1 July 2017, from 6 p.m. A forest and rustic landscape, at times marsh, at other times open field, with the constant presence of this tumultuous water which brings a crystalline and musical constancy to our Back to the Trees.
This year, the artists responded to our invitation to “get back to the trees” not as an expression of reactionary nostalgia, but rather as an aspiration towards indispensable rejuvenation.
Our urban existences often cut us off from indispensable moments of contemplation and listening. From these parentheses, these “Epoché” which, according to the Ancients, allowed one’s thinking to free itself from the obligations of everyday life, in order to better understand the truth. Let us walk through the woods to dismiss the wolves that oppress us in one form or another.
However, in order to be fruitful, this adventure could not be an escapade of small marquis, or of shepherds in the style of the “Queen’s Hamlet” of Versailles. It needed to take risks. That of the climate, firstly, and the vagaries of meteorology, that of the imponderable techniques related to the “discomfort” of the situation, that of the uncompromising confrontation of the works with the walking public, who are often unfamiliar with the audacity of contemporary art.
And yet, it is precisely the purported limits of our exercise which are the basis of its legitimacy, the pressing need for it. Our aim is to escape the studio, the gallery, to dare to come into contact with natural sounds, foliage, and the wild sun. To reach onlookers attracted more by a hike than by the works themselves. To make understood, or rather to prove, the magic that this fusion of the arts and arboreal nature can have. To identify the ambitions which drive us, in a sharing of concrete experiences, rather than via operations of mediation, which regrettably often bury the pieces under external, albeit well-informed, commentary.
This year once again, we aim to attract the walker, not to educate him; to experience with him “unprepared” emotions, whose secrets are held only by the trees and their night, the river and its bank, the rafts and their mysterious navigation.
No one (especially the commissioning organisers) knows exactly what will become of this “displacement” which owes as much to geography as to history or metaphysics, and for which they wholeheartedly assume what the philosopher Michel Foucault called a “Heterotopia”: a spacial and temporal distancing which collectively enables us to have a unique festive experience, a search for the unassignable, like a maquis, a “jungle” or a children’s play house.
It is from the author of “The Order of Things” that we borrowed this conclusion, making our accomplice Rafters into pirates from another time and place, that is Back to the Trees: “In civilizations without boats, dreams dry up, espionage takes the place of adventure, and the police take the place of pirates.”
Laurent Devèze

 

Artworks

And there was Light!Installation by ChapChap Ink (France)
Boat #1Sculpture by Thomas Perrin (France)
CohesionSculpture by Gérald Colomb (France)
ConfessionSculpture by Sébastien Chaperon (France)
CrackPainting by Robin Davourie (France)
Crafty Forest #3Literature installation by ISBA (France)
FrogsSound installation by Ben Farey (France) and Benoît Favereaux (France)
Go Love a TreeVideo by Jay Fox (France)
In Chamblay in the Woods #1Poetic documentary by Clémence Culic (France)
Listen, something is amiss!Sound installation by Gilles Malatray (France)
MandragorePerformance by Claude Boudeau (France)
Maquis ArchivesPhotographs of the Maquis
MicrocosmInstallation by Jeanne Dupuy (France)
Ode to the SeaPerformance in collaboration with Christine Douxami (France), Guy Freixe (France) and Performing Arts students from Franche-Comté University (France)
OriginSound and visual installation by Thierry Boucton (France), Nicolas Waltefaugle (France) and Guillaume Mougenot (France)
Pamela Dionaea MuscipulaPerformance by Chloé Guillermin (France) and Alexandra Jouffroy (France)
Project PhoenixInstallation by Antonin Lagarde (France)
RelicInstallation by Gérald Colomb (France)
So far all is well!Marquetry by Benjamin Desoche (France)
SticksInstallation by Pierre Balandier (France)
Sus ScrofaSculpture by Mischa Sanders (Cuba)
The TubeSound installation by Olivier Toulemonde (France)
The Weight of ShameSculpture, performance and video by Fabien Guillermont (France)
Totems #1Sculptures by Julien Zoh Nihouah (France)
Track to the BeesSound installation by Corsin Vogel (Switzerland)
UFOSculpture by ISBA (France)
UntitledPerformance by Quentin Lacroix (France)
UntitledVideo installation by Nushy Soup (France)
VivariHommePerformance by sisMa Company (France)
You imagineVideo by Jenny Feal (Cuba)

 

Organization

Elektrophonie and ISBA

 

Gallery